Une enquête sur un massacre met en cause l'armée indonésienne

20 Décembre 2013

Pendant des décennies, les populations tribales de Papouasie occidentale ont souffert aux mains de l’armée indonésienne. Cette photographie ‘trophée’ a été prise par des soldats, l’année du massacre de Biak, après avoir tué un homme et son neveu de 12 ans. © Survival

Cette page a été créée en 2013 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Un tribunal civil australien, saisi quinze ans après l’affaire du massacre qui a eu lieu en 1998 sur l’île de Biak en Papouasie occidentale, a conclu que les soldats et la police indonésiennes avaient attaqué une manifestation pacifique, tuant ‘un grand nombre de personnes’ et arrêtant de nombreux autres.

Le tribunal a rapporté qu’un ‘grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués, torturés et mutilés, que des femmes et des jeunes filles avaient été violées et sexuellement mutilées, et que des détenus étaient morts à la suite de l’action des forces militaires et policières’.

Il a conclu que le gouvernement indonésien avait tenté de minimiser la gravité de l’événement et qu’aucune mesure n’avait été prise contre ‘les personnes qui s’étaient rendues coupables de crimes contre l’humanité perpétrés contre des civils innocents’.

Des témoins ont dit avoir vu des soldats et des policiers tirer sur la foule et des navires chargés de cadavres prendre le large. Des pêcheurs ont rapporté plus tard avoir vu des corps flotter dans l’eau mais qu’il avaient eu trop peur de les rapporter sur le rivage.

Les Papous qui hissent l'étoile du matin, le drapeau de la Papouasie occidentale, ou qui appellent pacifiquement à l'indépendance, continuent d'être assassinés par l'armée indonésienne. © Tapol/Down to Earth/West Papua Media

Le massacre a été perpétré lors de la levée du drapeau de la Papouasie occidentale interdit sur Biak. L’organisateur de l’événement, Filip Karma, a témoigné depuis sa prison dans une vidéo, où il purge une peine de quinze ans pour avoir hissé le drapeau en 2004.

Sophie Grig, chargée de campagne à Survival pour l’Asie, rappelle avoir reçu un appel de Papouasie occidentale dans les premières heures de la matinée du 6 juillet : ‘Ils m’ont dit que les soldats et les policiers se dirigeaient vers le lieu du lever du drapeau et qu’ils craignaient un bain de sang. J’ai alors alerté tous les gens sur qui je pouvais compter, leur demandant d’exhorter le commandant militaire et le gouverneur de Papouasie occidentale à faire preuve de retenue. Nous avions l’espoir qu’en leur faisant savoir que la communauté internationale était au courant, ils stopperaient la violence. Malheureusement, cela n’a servi qu’à montrer qu’ils ne se souciaient aucunement de la vie des populations tribales de Papouasie et qu’ils étaient assurés de leur propre impunité .

Elle a ajouté : ‘Il est essentiel que les États-Unis et les gouvernements britannique et australien qui entraînent l’armée indonésienne, prennent cette enquête très au sérieux. Ils doivent exercer leur influence pour veiller à ce que les responsables, à tous les niveaux de la police et de l’armée, soient enfin traduits en justice’.

Tribus de Papouasie
Peuple

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