Brésil : un leader guarani tué lors d'une attaque contre une communauté autochtone
18 Novembre 2025
© Aty Guasu/Survival InternationalAlors que le débat sur les droits territoriaux des peuples autochtones se poursuit à la COP30 au Brésil, dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 novembre, une vingtaine d'hommes armés ont fait irruption dans une communauté autochtone à l'extrême sud du pays et ont ouvert le feu, tuant un leader guaraní kaiowá et blessant au moins quatre personnes.
Armes à la main, les assaillants ont envahi Pyelito Kue, une communauté du peuple guarani kaiowá qui avait récemment réoccupé une partie de ses terres ancestrales. D'une balle dans la tête, ils ont abattu Vicente Fernandes Vilhalva, 36 ans, le tuant sur le coup. Quatre autres Guarani ont été blessés lorsque les hommes armés ont ouvert le feu puis incendié les abris et les biens de la communauté.
L'un des leaders de Pyelito Kue, s'exprimant anonymement, a déclaré à Repórter Brasil : “Nous étions encerclés. Les hommes armés ne sont pas venus pour discuter, ils ont simplement commencé à tirer. Nous n'avons pas d'armes, nous n'avons aucun moyen de nous défendre. Nous avons battu en retraite et sommes allés au village, mais ils ont continué à tirer [...] Ils ont brûlé tout ce qui se trouvait dans la zone réoccupée : nos cabanes, nos casseroles, nos chaises...”
Cette attaque meurtrière, la quatrième agression violente contre la communauté Pyelito Kue au cours des deux dernières semaines, est le dernier épisode en date d'une série d'attaques brutales menées depuis des décennies par les éleveurs contre les Guarani Kaiowá.
“Nous, les peuples autochtones guarani kaiowá, condamnons les attaques qui ont eu lieu à Tekoha Pyelito Kue et qui ont entraîné le meurtre d'un leader. Notre combat est pour la vie, pour la terre et pour 'Tekoha Guasu' (l'ensemble de notre territoire ancestral).”
“Nous n'acceptons plus d'être traités comme des envahisseurs sur notre propre territoire”, déclare l'organisation guarani kaiowá Aty Guasu dans un communiqué.
© Aty Guasu
La communauté guarani kaiowá de Pyelito Kue et d'autres communautés guarani kaiowá de la région ont été violemment chassées de leurs terres dans l'État du Mato Grosso do Sul, au Brésil, il y a plusieurs décennies. Depuis, la quasi-totalité de leurs terres ont été occupées par l'agro-industrie et des élevages bovins. Parce qu'ils résistent et tentent de récupérer leurs terres, ils subissent des attaques brutales, souvent meurtrières.
La communauté guarani kaiowá de Pyelito Kue et d'autres communautés guarani kaiowá de la région ont été violemment chassées de leurs terres dans l'État du Mato Grosso do Sul, au Brésil, il y a plusieurs décennies. Depuis, la quasi-totalité de leurs terres ont été occupées par l'agro-industrie et des élevages bovins. Parce qu'ils résistent et tentent de récupérer leurs terres, ils subissent des attaques brutales, souvent meurtrières.
La FUNAI, l'organisme gouvernemental chargé des questions liées aux peuples autochtones, a délimité la zone en 2013, ce qui constitue l'une des premières étapes vers la démarcation. Depuis, le processus est au point mort – en violation du droit brésilien et international –, obligeant les Guarani à endurer des attaques violentes et des meurtres perpétrés par des éleveurs et des policiers, soutenus par des responsables politiques locaux, qui agissent en toute impunité. Un accord officiel conclu en 2007 entre le ministère public, la FUNAI et les Guarani, ainsi que les récentes promesses de démarcation des terres faites par le président Lula, n'ont pas été respectés.
Selon des témoins, la police militaire brésilienne et des membres du Département des opérations frontalières (Departamento de Operações de Fronteira) auraient été impliqués dans cette dernière attaque.
“La Constitution garantit nos droits, et l'État brésilien a le devoir de protéger nos peuples”, affirme la déclaration d'Aty Guasu.
“Nous demandons le soutien de la société civile, des organisations de défense des droits humains, du ministère public fédéral, de la FUNAI et du bureau du défenseur public fédéral afin de suivre cette affaire et d'assurer la sécurité des familles guarani kaiowá face au climat de haine et aux menaces qui s'intensifient.”
Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré : “Il y a une semaine, à Belém, le président Lula a reconnu que les terres autochtones jouaient un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Il a déclaré que 'peut-être' une part insuffisante de leurs terres avait fait l’objet d’une reconnaissance adéquate. La mort de Vicente est la triste réalité de cette absence de reconnaissance : les peuples autochtones sont expulsés, dépossédés, privés de leurs terres, de leurs droits, de leurs moyens de subsistance, voire de leur vie.
“Il est scandaleux que les Guarani Kaiowá – de Pyelito Kue et d'autres communautés – soient abattus et tués simplement parce qu'ils vivent chez eux, sur leurs terres ancestrales. Le gouvernement brésilien doit finaliser la reconnaissance de leurs terres, protéger leurs territoires, et poursuivre en justice ceux qui les ont expulsés et continuent de les terroriser.”
Notes aux rédactions
- Fazenda Cachoeira n'est que l'un des 44 ranchs qui empiètent sur le territoire autochtone d'Iguatemipeguá I. Ce territoire de 41 714 hectares comprend de nombreuses tekoha (terres ancestrales guarani), dont celle de la communauté de Pyelito Kue.
- En réponse aux attaques précédentes contre la communauté de Pyelito Kue en 2011 et 2016, la Commission interaméricaine des droits de l'homme a demandé que des mesures conservatoires soient prises.
- Cette violence est la dernière d'une série d'attaques brutales contre les communautés guarani. La communauté guarani de Guyra Roka, où vivait le défunt Ambrosio Vilhalva, star du film Birdwatchers, a également été prise pour cible. Des hommes armés engagés par des éleveurs bovins et la police locale ont blessé plusieurs personnes avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, et détruit leurs maisons.




