Une haute instance des droits de l'homme enquête sur l'Ethiopie et le Botswana
27 Novembre 2013
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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, principale autorité en matière de droits de l’homme sur le continent africain, a appelé à la suspension du processus de relocalisation forcée de milliers d’autochtones d’Ethiopie et a exprimé sa préoccupation face à la violation des droits fondamentaux des Bushmen du Botswana.
La Commission a appelé l’Éthiopie à suspendre la réinstallation forcée des tribus de la vallée inférieure de l’Omo pour faire place à de vastes plantations, le temps qu’elle achève son enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme.
La politique éthiopienne de ‘villagisation’ est appuyée par l’armée et de nombreux rapports ont fait surface sur les assassinats, mauvais traitements, viols, et détention arbitraire des peuples indigènes de la région – rapports dont ont eu connaissance les deux plus importants donateurs à l’Ethiopie, le ministère britannique du Développement international (DFID) et l’USAID.
Un rapport récent de l’Oakland Institute ‘Ignoring abuse in Ethiopia: DFID and USAID in the Lower Omo Valley’ (L’aveuglement du DFID et de l’USAID sur les abus dans la vallée inférieure de l’Omo en Ethiopie) révèle que, malgré les enquêtes menées par les bailleurs de fonds qui ont découvert les graves violations des droits de l’homme commises à l’encontre des peuples de la vallée de l’Omo, ceux-ci n’ont pris aucune mesure et ont qualifié ces allégations de ‘sans fondement’.
Le rapport précise : ‘Ces agences apportent un soutien financier, politique et moral quasi inconditionnel au gouvernement éthiopien et le DFID consacre actuellement à l’Éthiopie la plus grande part de son budget d’aide à l’étranger… ils sont les complices et les partisans obstinés d’une stratégie de développement qui, non seulement, aura des effets dévastateurs et irréversibles sur l’environnement et les ressources naturelles, mais détruira les moyens de subsistance de centaines de milliers d’autochtones’.
La CADHP a également lancé un ‘appel urgent’ au président du Botswana pour avoir privé les Bushmen de leur droit d’être assistés par un avocat. Me Gordon Bennett a été interdit d’entrée dans le pays en juillet dernier pour l’empêcher de plaider dans le procès opposant les Bushmen au gouvernement sur la question de leurs droits territoriaux.
Le gouvernement botswanais fait tout ce qui est en son pouvoir pour expulser les Bushmen de leurs terres ancestrales : c’est pourquoi Survival International a appelé au boycott du tourisme dans le pays. Les récentes révélations d’octroi de concessions de fracturation hydraulique à grande échelle sur les territoires bushmen ont confirmé les craintes suscitées par la volonté du gouvernement de ‘nettoyer’ la région pour donner libre cours à l’exploitation des ressources naturelles.
Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Si l’Ethiopie et le Botswana ne font aucun cas du mouvement international de protestation, ils pourraient au moins tenir compte des mises en garde de la Commission africaine. Sans cela, ces deux pays risquent de ternir durablement leur image aux yeux de l’opinion internationale’.
Note aux rédactions :
- Télécharger le rapport de l’Oakland Institute : ‘Ignoring abuse in Ethiopia: DFID and USAID in the Lower Omo Valley’ (document pdf en anglais, 3.1 Mo)