Survival condamne le mythe du ‘sauvage brutal’
13 Juin 2013
Cette page a été créée en 2013 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Survival International apporte un vigoureux démenti aux arguments du psychologue cognitiviste Steven Pinker de l’Université Harvard qui prétend que les peuples indigènes sont plus violents que les sociétés gouvernées par un Etat.
Dans les articles publiés cette semaine dans le journal nord-américain Thruthout et le site britannique OpenDemocracy, Stephen Corry, directeur de Survival International, accuse Pinker – naguère nommé par le Time Magazine comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde – de ‘se réclamer de la science sur une simple opinion, celle qui consiste à accuser à tort les peuples indigènes contemporains de vivre dans une constante infamie’.
‘Les faits faussement établis par Pinker demandent à être examinés de plus près’, écrit Corry qui accuse ce dernier d’omettre ceux qui ne correspondent pas à ses arguments; d’avancer de nombreux faits qui ne sont pas avérés; de ne citer que les experts qui sont d’accord avec lui; d’ignorer les nombreux autres qui ne le sont pas.
Commençant par le premier exemple du livre récent de Pinker The Better Angels of Our Nature – celui de l’homme de glace Ötzi – Corry signale que, contrairement à la suggestion de Pinker, le fait qu’il ait pu être tué dans un conflit avec une autre tribu, est totalement improbable. Corry poursuit en énumérant les nombreuses autres erreurs que contiennent les arguments prétendument scientifiques de Pinker, présentant d’étroites similitudes avec le récent livre de Jared Diamond, The World Until Yesterday.
‘Les faits énoncés par ces auteurs [Steven Pinker et Jared Diamond] sont pour le moins contentieux, sinon totalement faux. Tous deux mènent leur chemin en qualifiant les peuples indigènes de ‘sauvages brutaux’ … [ainsi par exemple] vingt pour-cent des arguments utilisés par Pinker pour catégoriser la violence de tous les peuples indigènes de la planète (exceptés les ‘chasseurs-cueilleurs’) n’émanent que d’un seul anthropologue, Napoleon Chagnon – dont les idées sont fortement critiquées depuis des décennies.’
A propos de l’hypothèse principale de Pinker – selon laquelle nos ancêtres (ainsi que les peuples indigènes contemporains) étaient et sont plus violents que les sociétés occidentales ‘civilisées’ – , Corry conclut ainsi : ‘Pinker [croit] que nous sommes des sauvages brutaux tant que nous ne sommes pas soumis à un Etat-nation qui apporte la civilisation pacifique. En ce qui concerne les peuples indigènes, cela ne pouvait pas être plus éloigné de la vérité : l’arrivée de l’Etat a déclenché une sauvagerie sans équivalent dans sa brutalité’.