Brésil - démission du chef des affaires indigènes suite à l'assassinat d'un Indien

12 Juin 2013

Indiens manifestant à Brasilia, contre l’affaiblissement de leurs droits. © Antônio Cruz/ABr

Cette page a été créée en 2013 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

La présidente de la FUNAI, le département des affaires indigènes du gouvernement brésilien, a démissionné le 7 juin dernier, invoquant des raisons de santé.

Marta Azevedo qui avait pris son poste l’an passé avait déclaré que la situation des Awá et des Guarani seraient sa priorité.

Beaucoup pensent que sa démission a été précipitée par le récent assassinat d’un Indien terena par la police ainsi que par la volonté du gouvernement d’affaiblir les droits des Indiens et de restreindre les pouvoirs de la FUNAI. Cette conjoncture a provoqué une vague de colère parmi les Indiens du Brésil et leurs sympathisants.

Des manifestations ont éclaté dans tout le Brésil ces derniers mois, les Indiens luttant pour défendre leurs droits constitutionnels difficilement acquis contre un gouvernement qui mise sur l’industrialisation et le développement à outrance.

Comme l’ont récemment dit les Indiens marubo qui vivent à l’ouest du Brésil, ‘Nous voulons que la présidente Dilma Rousseff transforme ce pays en une vraie ‘démocratie’ et qu’elle reconnaisse les territoires indigènes. Après 513 ans de massacres et de génocide… nous voulons pouvoir imaginer le Brésil avec un avenir meilleur’.

Dilma Rousseff est le seul chef d’Etat qui, depuis la fin de la dictature militaire en 1985, n’a jamais rencontré de représentants indigènes.

La semaine dernière, 150 Indiens se sont rendus à la capitale, Brasilia, pour discuter avec le gouvernement de l’absence de consultation préalable sur les projets controversés de barrages hydroélectriques le long de plusieurs affluents majeurs de l’Amazone.

Suite à ces rencontres, les Indiens munduruku ont écrit au gouvernement, déclarant : ‘Notre propre terre est désormais devenue un champ de bataille où nous sommes exterminés et assassinés par les forces armées du gouvernement’.

Au même moment, les Guarani et les Kaingang ont bloqué les routes pour protester contre l’inertie du gouvernement dans le processus de démarcation territoriale.

LA COIAB, qui coordonne les organisations indigènes d’Amazonie brésilienne, a déclaré :‘Le gouvernement actuel tente de nous imposer sa vision colonialiste et dominatrice… [il] a causé des dommages irréversibles aux peuples indigènes avec des lois et des décrets dont beaucoup sont anticonstitutionnels’.

Un projet de loi en discussion est supposé interdire l’expansion des territoires indigènes. Il affectera les Indiens des régions agricoles du sud et du centre-ouest où les conflits territoriaux sont les plus violents et où le puissant lobby agricole inclut des élus politiques qui possèdent des fermes sur les terres indigènes censées êtres restituées aux Indiens.

Cette loi sera particulièrement désastreuse pour les Guarani du Mato Grosso do Sul qui vivent dans des campements au bord des routes ou dans des réserves surpeuplées et dont les leaders sont systématiquement attaqués ou tués par les hommes de main des fermiers lorsqu’ils tentent de récupérer leurs terres ancestrales.

Un projet d’amendement constitutionnel donnerait au Congrès (dominé par le lobby agricole et minier) le pouvoir de participer au processus de démarcation des terres indigènes, provoquant inévitablement son ralentissement.

Les élus politiques des Etats amazoniens riches en minéraux soutiennent une loi minière qui, si elle est approuvée par le Congrès, ouvrirait pour la première fois les territoires indigènes à l’exploitation minière à grande échelle. Le territoire yanomami à lui tout seul fait l’objet de 654 demandes d’exploitation minière.

Des dizaines d’anthropologues brésiliens ont signé un manifeste affirmant que le progrès et le développement n’ont aucun sens s’ils ne respectent pas la Constitution.

Des représentants de plusieurs ONG ont récemment écrit à la présidente Rousseff dénonçant l’effondrement des droits indigènes à la lumière de la découverte du rapport Figueiredo, qui recense les atrocités commises contre les Indiens dans les années 1940, 1950 et 1960.

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