Le Congrès brésilien passe outre le veto de Lula sur le projet de loi PL2903 : la réaction de Survival

Le Congrès brésilien a fait adopter une nouvelle loi incluant une série de mesures radicalement anti-autochtones, passant outre la majorité des précédents vetos du président Lula relatif à ses composantes les plus extrêmes.

Ces mesures, qui ont désormais force de loi, constituent d’après Survival International “l’attaque la plus grave et la plus cruelle contre les droits autochtones depuis des décennies”.

Le Congrès brésilien est dominé par des représentants de l’agrobusiness et de l’industrie extractive, ainsi que par de riches propriétaires terriens, tous alliés de l’ancien président Jair Bolsonaro malgré sa défaite face à Lula l’année dernière.

En vertu de la nouvelle loi, les bûcherons, éleveurs et autres individus ayant envahi de manière illégale des territoires autochtones pourront y rester et continuer de détruire la forêt, et ce jusqu’à ce que les terres soient complètement démarquées, un processus nécessitant généralement plusieurs décennies.

Par ailleurs, la loi maintenant la ruse que constitue le “Cadre temporel”, de nombreux peuples autochtones pourraient ne jamais récupérer leurs terres. Bien que rejeté tout récemment par le Tribunal suprême fédéral brésilien, ce dispositif favorable aux entreprises décrète que les peuples autochtones ne pouvant prouver qu’ils se trouvaient déjà sur un territoire au moment de la promulgation de la Constitution de 1988 ne verront jamais leurs droits reconnus. L'organisation nationale autochtone APIB a annoncé qu’elle saisirait à nouveau le Tribunal suprême fédéral.

Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré : “Cette loi vient anéantir la plupart des protections juridiques applicables aux peuples autochtones telles que garanties dans la Constitution, qui se trouvent ainsi littéralement mises au rebut. Elle offre aux grandes entreprises et aux bandes criminelles qui se cachent derrière de nombreuses opérations de déforestation et d’extraction au Brésil encore plus de liberté pour envahir les territoires autochtones et y faire ce qui leur chante. Cela sonne le glas pour une grande partie de l’Amazonie et des forêts brésiliennes.”

Elle ajoute : “C’est un véritable désastre pour les peuples non contactés du Brésil, qui représentent déjà les populations les plus vulnérables de la planète en cas d’invasion de leurs terres, ainsi que pour tous les peuples autochtones du pays. Mais ceux-ci résisteront avec la même détermination dont ils ont fait preuve durant le régime génocidaire de Bolsonaro. Leurs alliés autour du monde, tels que Survival, continueront de se tenir à leurs côtés, car ne pas réagir signifierait perdre des décennies de lentes avancées dans la reconnaissance des droits autochtones.”