Le programme de développement militaire indonésien fait craindre le pire en Papouasie occidentale
23 Avril 2013
Cette page a été créée en 2013 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Les leaders papous ont exprimé leur vive préoccupation suite à l’annonce d’un projet de construction dans les deux années à venir de 1500 km de nouvelles routes par plus d’un millier de soldats indonésiens dans le but d’accélérer le développement de la Papouasie occidentale.
Le gouvernement prétend que l’agitation qui règne dans la région résulte du manque de développement tandis que pour les Papous cette agitation est plutôt due aux violations de leurs droits politiques et humains. Survival International et les Papous craignent que l’afflux de soldats n’apporte ni développement ni paix dans la région.
Le révérend Socratez Yomana, un leader papou, a affirmé à un représentant de Survival : ‘Les Papous n’ont pas besoin de grandes routes, mais d’une vie meilleure, sur leurs propres terres, sans intimidations, terreur, abus et assassinats’.
Markus Haluk, un autre leader, met en garde sur le fait que les routes ouvriront la voie au déboisement illégal des forêts qui sera en grande partie effectué par les militaires.
La présence des militaires en Papouasie occidentale s’accompagne presque toujours de violations des droits de l’homme telles qu’assassinats, arrestations arbitraires, viols et torture.
Le prétendu développement a déjà causé de graves préjudices aux Papous. Malgré la présence de la plus importante mine d’or du monde, la Papouasie occidentale reste la région la plus pauvre de l’Indonésie, avec un taux de VIH/sida estimé vingt fois plus élevé que dans le reste du pays. Une grande partie des cas de sida sont dus à l’industrie du sexe qui a accompagné l’arrivée des travailleurs migrants venus pour la pêche, le bois et les industries minières.
De nombreux Papous persuadés que les militaires introduisent intentionnellement le sida en Papouasie occidentale voient cette atrocité comme une tentative de purification ethnique. Dans certaines zones les militaires ont fourni de l’alcool et des prostituées pour corrompre les chefs de tribus et ainsi avoir accès à leurs terres et leurs ressources. Déjà, plusieurs tribus sont ravagées par la sida. Les taux les plus élevés sont constatés dans les zones où le prétendu développement a déjà eu lieu, comme par exemple dans le voisinage de la mine anglo-américaine de Grasberg.
Survival International appelle le gouvernement indonésien à mettre fin aux violations des droits de l’homme en Papouasie occidentale et à engager des négociations avec les Papous afin qu’ils puissent décider eux-mêmes de leur propre mode de vie, de leurs priorités en matière de développement et de leur propre avenir.
Pour plus d’informations concernant les impacts du ‘développement’ sur les peuples indigènes, voir la campagne de Survival ‘Le progrès peut tuer’.