Craintes de représailles suite à des attentats à la bombe contre une mine anglo-américaine
1 Octobre 2008
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La compagnie britannique Rio Tinto essuie un nouveau revers en Indonésie : des militants indépendantistes papous ont attaqué sa mine Grasberg qui dévaste le territoire des tribus Amungme et Kamoro.
Survival est préoccupé par les représailles que pourrait exercer l'armée indonésienne envers les tribus innocentes vivant dans cette région.
Rio Tinto possède des parts importantes dans la mine de cuivre et d'or Grasberg, détenue par la compagnie nord-américaine Freeport McMoRan. L'implication de Rio Tinto dans ce complexe minier géant a récemment fait la une des médias lorsque le gouvernement norvégien a annoncé qu'il revendait ses actions d’une valeur d’environ 620 millions d'euros pour des raisons éthiques concernant l'impact environnemental de la mine.
Trois bombes ont explosé à proximité de la mine ces dernières semaines, apparemment sous l'ordre de l'Armée de libération papoue (OPM/TPN). Dans un communiqué, un commandant de l'OPM a énuméré les raisons qui ont conduit à l’attaque de la mine : les conflits tribaux générés par la présence de la mine, les violations de droits de l'homme continuelles et la destruction de l'environnement.
Le communiqué indique que l’objectif de ces attaques était de stopper l’activité de la mine et d’attirer l’attention de l'opinion publique internationale sur la volonté d’indépendance politique des Papous à l’égard de l'Indonésie.
En 1996, l'OPM avait séquestré un groupe d’étudiants de l'université de Cambridge pendant quatre mois, ainsi que d'autres membres de leur expédition scientifique, dans le but d'attirer l’attention internationale sur la volonté d'indépendance papoue. La prise d'otages se termina tragiquement. Les ravisseurs tuèrent deux de leurs otages indonésiens, et huit membres de l'OPM furent assassinés lors d'une opération-commando bâclée par l'armée indonésienne.
L'armée indonésienne avait alors déclenché une brutale répression militaire à l’encontre des tribus innocentes de la région déclenchant la fuite de milliers de personnes. La mort de onze civils fut confirmée, d'autres sont toujours portés disparus.
Les soldats avaient incendié et saccagé les maisons et les églises, détruit les plantations et tué le bétail. Plus de deux ans après la libération des otages, la région était toujours une 'zone militaire fermée', et plus de mille personnes restaient cachées, trop effrayées pour retourner chez elles.
Survival est extrêmement préoccupée par les violentes représailles dont pourrait faire preuve l'armée indonésienne suite aux récents attentats. La Papouasie est fermée aux journalistes et aux observateurs des droits de l'homme, permettant ainsi à l'armée indonésienne d'agir en toute impunité. Survival appelle l'armée indonésienne à opérer avec la plus grande réserve et à garantir qu'elle ne s’en prendra pas à des civils innocents.