Inde : nouvelle attaque contre les droits des femmes autochtones avec l’arrestation d’une militante

17 Mars 2021

Hidme Markam, une militante adivasi arrêtée pour avoir fait campagne pacifiquement pour défendre les droits de son peuple. © Survival

Cette page a été créée en 2021 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Hidme Markam, une éminente militante adivasi (autochtone) du peuple koya, a été arrêtée mardi, alors qu’elle participait à un événement organisé à l’occasion de la Journée internationale des femmes dans l’État indien du Chhattisgarh. Une vidéo montre qu’elle a été violemment embarquée dans une voiture au milieu des protestations d’autres militantes.

Hidme Markam, 28 ans, est une militante des droits autochtones et de la lutte contre l’exploitation minière. Elle s’efforce d’empêcher l’exploitation d’une montagne sacrée dans le sud de l’État du Chhattisgarh et s’oppose aux brutalités policières et à la construction de camps paramilitaires.

Elle est l’organisatrice du comité Jail Bandi Rihai, un groupe qui fait campagne pour la libération de milliers d’Adivasi qui ont été traités comme des criminels, qualifiés de Naxals [rebelles maoïstes armés] et maintenus, souvent pendant de nombreuses années, en détention provisoire pour avoir défendu leurs droits. Elle se trouve aujourd’hui dans la même situation.

Selon la police, elle a été arrêtée pour un certain nombre d’affaires déposées entre 2016 et 2020 en rapport avec des activités maoïstes. Ils affirment également que sa tête était mise à prix à hauteur de 1500 dollars américains.

Cette affirmation est contestée par d’autres militants, comme Soni Sori, qui a déclaré : « Elle n’est pas une maoïste comme le prétend la police. Elle s’est battue pour le Jal-Jangal-Jameen (eau, forêt et terre) des peuples autochtones et tribaux de Bastar. Elle se rendait fréquemment dans les bureaux du Superintendant de la police (SP) et du Collector [représentant du gouvernement] et rencontrait de nombreuses personnalités […] pour soulever les problématiques autochtones […] Avez-vous déjà entendu dire qu’un maoïste se rendait dans le bureau du SP ou du Collector, rencontrait le ministre en chef ou le gouverneur et révélait ouvertement son identité ? »

La police a déclaré qu’elle serait placée en détention pendant dix jours. Les avocats demandent une libération sous caution.

Son arrestation a clairement pour but d’envoyer un avertissement à celles et ceux qui s’expriment en faveur des droits des Adivasi et des femmes et contre l’exploitation minière et la répression de l’État. C’est un autre signe de l’attaque croissante contre les droits des Adivasi et la démocratie en Inde sous le régime autoritaire de Modi. Même dans le Chhattisgarh – qui n’est pas sous le contrôle du parti de Modi – les attaques contre la vie et les droits des Adivasi sont incessantes.

En Inde, les dissidents, en particulier les Adivasi et leurs partisans sont souvent qualifiés “d’anti-nationaux" et sont accusés de sédition ou détenus en vertu de la loi draconienne UAPA (Unlawful Activities (Prevention) Act). En novembre 2020, 67 militants ont été inculpés au titre de la UAPA dans deux États seulement. Dix-mille Adivasi ont été accusés de sédition pour leur rôle dans la pose, à l’entrée de leurs villages, de pierres gravées de leurs droits constitutionnels.

Le traitement que recevra Hidme Markam en garde à vue suscite de vives inquiétudes. L’événement au cours duquel elle a été arrêtée visait à dénoncer les abus sexuels dont sont victimes les femmes adivasi. Il s’agissait de commémorer la vie de deux jeunes femmes adivasi qui auraient été agressées physiquement et sexuellement par la police du Chhattisgarh et qui se sont ensuite donné la mort.

Ces dernières semaines, Hidme Markam a enregistré un message vidéo pour Survival, dans lequel elle décrit la façon dont les femmes adivasi sont traitées en Inde. Elle dit : « Elles sont battues tous les jours, elles sont emprisonnées tous les jours. Chaque jour, où qu’elles aillent, elles sont confrontées au même type d’abus. Le seul moyen d’avancer est que toutes les femmes soient unies, pour notre eau et nos forêts, pour nos terres – pour les sauver de l’exploitation minière. »

Survival se joint aux Adivasi et aux organisations de la société civile indienne pour demander la libération de Hidme Markam.

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