Peuples autochtones du Brésil
Le Brésil, le plus vaste pays d’Amérique du Sud, est le royaume du carnaval, de la capoeira, de la samba – et du football.
Géant économique émergent, le Brésil se présente comme une démocratie multiculturelle. Il est cette année l’hôte de la Coupe du monde de la FIFA, pour tous.
Malgré les apparences, il révèle une face bien plus sombre : le traitement déplorable qu’il inflige à ses peuples autochtones.
Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones mène campagne en faveur des Indiens du Brésil depuis 1969.
© Steve Cox/Survival
On estime que plus de dix millions d’Indiens vivaient au Brésil lorsque Christophe Colomb a débarqué dans le ‘Nouveau Monde’ en 1492.
Depuis lors, les premiers habitants du Brésil ont été décimés par les colonisateurs, la dictature militaire et les gouvernements racistes déterminés à tirer profit de leurs terres.
Durant le XXe siècle, une tribu en moyenne a disparu chaque année. Aujourd’hui, il ne subsiste qu’environ 240 tribus. Presque 1500 tribus ont été totalement décimées depuis la Conquête.
© José Idoyaga/Survival
Les Matsés sont connus comme le ‘peuple du jaguar’ pour leurs peintures faciales qui rappellent les félins.
Pour les Matsés, les plantes et les animaux ont un esprit qui peuvent blesser ou guérir un corps humain.
Malgré des centaines d’années de contact avec l’expansion du front pionnier, les Indiens du Brésil ont, dans la plupart des cas, conservé leurs langues et leurs coutumes face à la spoliation massive de leurs terres.
© Christopher Pillitz
Damiana Cavanha, leader de la communauté guarani Apy Ka’y, qui a récemment dirigé une ré-occupation du territoire de sa communauté.
Les Guarani représentent le groupe le plus nombreux du Brésil. Ils ont été l’un des premiers peuples à avoir été contactés à l’arrivée des Européens en Amérique du Sud.
Au cours des cent dernières années, la presque totalité du territoire guarani a été spoliée et transformée en vastes étendues arides pour faire place à des ranchs de bétail, des champs de soja et des plantations de canne à sucre. La plupart des Guarani sont à présent entassés dans de minuscules réserves ou vivent dans des campements sordides au bord de routes très fréquentées.
© Fiona Watson/Survival
Un jeune garçon awá : l’une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs de l’Amazonie brésilienne.
La forêt fournit aux Awá tout ce dont ils ont besoin pour survivre. Ils chassent les porcs sauvages, les tapirs et les singes à l’aide d’arcs de 3 mètres de long et collectent les produits de la forêt tels que le babaçu, les baies d’açai et le miel.
Les Awá recueillent les bébés orphelins d’animaux qu’ils ont chassés ; les femmes allaitent les bébés singes qui deviendront des animaux de compagnies.
© Domenico Pugliese
Amerintxa, une femme awá avec un capucin, son animal de compagnie.
© Domenico Pugliese
Karapiru, un Awá dont le nom signifie ‘faucon’.
Les Awá sont considérés comme la tribu la plus menacée au monde. Ils ont connu des décennies de massacre, déplacements et maladies aux mains des propriétaires avides et des politiciens corrompus.
Dans une embuscade, des hommes armés ont attaqué la famille de Karapiru, tuant la majorité d’entre eux. Karapiru s’est échappé dans la forêt où il est resté caché durant dix ans jusqu’à ce qu’il soit découvert à presque mille kilomètres de chez lui.
En avril 2014, le gouvernement a mené l’opération Awá avec une équipe de soldats, d’agents fédéraux et de membres de la police. Ils ont expulsés tous les envahisseurs du territoire awá.
Survival International appelle maintenant les autorités brésiliennes à mettre en place un programme de protection permanent de leur territoire afin d’empêcher de futures invasions.
© Sarah Shenker/Survival
Des Enawene Nawe prennent part au rituel le plus important de leur tribu, le Yãkwa.
Les Enawene Nawe ne consomment pas de viande rouge. Ce sont des pêcheurs experts, ils utilisent des techniques très complexes pour capturer les poissons à l’aide d’un poison naturel et de lances après avoir érigé des barrages en branchages tressés.
Le rituel Yãkwa, qui dure quatre mois, débute lorsque fleurit la plante õha et les Enawene Nawe partent pêcher. Deux mois plus tard, ils retournent au village où les poissons sont rituellement échangés avec les esprits.
Le gouvernement de l’Etat du Mato Grosso est en train de construire une série de barrages sur la rivière Juruena. Les barrages menacent la tribu, le poisson qu’ils consomment et leur rituel sacré.
© Fiona Watson/Survival
Les Zo’é sont une petite tribu isolée qui vit au plus profond de la forêt amazonienne.
Dès leur plus jeune âge, les Zo’é portent un long bâtonnet de bois inséré dans leur lèvre inférieure.
Les femmes zoé peignent leur corps avec de l’urucum – une pâte rouge vif préparée à partir de graines de rocou écrasées.
© Fiona Watson/Survival
Les Yanomami sont le plus important groupe relativement isolé d’Amérique du Sud.
Leurs ancêtres auraient migré à travers le détroit de Béring entre l’Asie et l’Amérique, il y a environ 15 000 ans et sont lentement descendus vers le continent sud-américain.
Pendant les années 1980, environ 40 000 orpailleurs clandestins envahirent le territoire yanomami, les exposant à des maladies contre lesquelles ils n’avaient que très peu d’immunité. En sept ans, 20% de la population a succombé à des épidémies.
En 1992, leur territoire a été démarqué suite à la campagne internationale menée par le porte-parole yanomami Davi Kopenawa, la Commission Pro Yanomami et Survival.
Il est à présent le plus grand territoire autochtone forestier au monde.
© Fiona Watson/Survival
Il existe au moins une centaine de peuples indigènes qui vivent encore dans l’isolement au XXIe siècle.
L’Amazonie brésilienne compte le plus grand nombre de tribus isolées au monde. Selon la FUNAI, le département des affaires indigènes du Brésil, il existe environ 77 groupes isolés dans la forêt.
Ce sont les sociétés les plus vulnérables du monde. Les contacts, la violence et les maladies peuvent rapidement décimer des populations entières; toutes les tribus isolées sont menacées si leurs territoires ne sont pas protégés.
Survival International joue un rôle majeur dans la protection de leurs terres.
© G. Miranda/FUNAI/Survival
Les Akuntsu sont une très petite tribu amazonienne qui compte seulement cinq membres – plus petite qu’une équipe de football!
Ils sont les derniers survivants de leur groupe et vivent dans l’Etat du Rondônia, à l’ouest du Brésil; ils ont été témoins du génocide de leur peuple perpétré par les hommes de main armés à la solde des éleveurs de bétail.
D’ici quelques décennies, les Akuntsu disparaîtront définitivement et, une fois de plus, notre planète aura perdu un peuple unique, une langue unique et une culture unique.
La FUNAI tente d’expulser les éleveurs qui les envahissent et des linguistes travaillent actuellement avec eux pour étudier et conserver leur langue.
© Fiona Watson/Survival
Les stades de foot prévus pour la Coupe du monde sont construits sur des territoires indigènes et la nouvelle richesse du Brésil, cette puissance économique émergente, est principalement fondée sur la dépossession des Indiens et la spoliation de leurs terres et de leurs ressources.
Le gouvernement a récemment présenté le projet d’un amendement constitutionnel qui donnerait au Congrès un pouvoir dans le processus de démarcation des terres indigènes, ce qui affaiblirait considérablement le contrôle des Indiens sur leurs territoires. Un autre projet de loi controversé ouvrirait les territoires autochtones à l’exploitation minière, aux barrages, à l’armée et à d’autres projets industriels.
Cinq cent ans après la colonisation, les Indiens du Brésil sont encore tués pour leurs terres et leurs ressources.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : ‘Le Brésil est souvent glorifié comme un exemple de réussite économique, et plus que jamais dans le cadre de la Coupe du monde. Mais il faut reconnaître que cette croissance économique implique un coût humain considérable’.
© Claudia Andujar/Survival
‘Là est toute ma vie, là se trouve mon âme. Si vous me privez de cette terre, vous me prenez ma vie.’
Marcos Veron, Guarani, Brésil.
© Clive Dennis/Survival
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