La chasse
Qui sont les chasseurs-cueilleurs autochtones? Où vivent-ils? Quelles sont les menaces auxquelles ils sont confrontés? Quel peuple utilise le poison si connu des écrivains de romans policiers occidentaux? Pourquoi serait-il plus correct de les appeler ‘cueilleurs-chasseurs’?
Je vis sur le sable, je marche sur le sable, je cherche des traces de pas sur le sable, et j’ai vu les traces de cet animal sur le sable, donc j’ai tué cet animal pendant qu’on courait tous les deux sur le sable.
Tu penses ô combien le kudu est actif. Tu le sens dans ton propre corps. Tu le vois dans les empreintes, il est avec toi et allège tes jambes.
Quand tu sens que le kudu est avec toi, tu contrôles son esprit. Son regard ne te semble plus sauvage. Tu as intégré kudu à ton propre esprit.
Quand il se fatigue, tu deviens fort. Tu prends son énergie. Tes jambes se libèrent. Tu cours vite comme quand tu étais jeune.
Karoha, Bushman, Botswana
© Dominick Tyler
A l’ombre de la forêt du Sarawak, un chasseur penan porte une sarbacane à sa bouche, et en expirant fortement envoie une flèche très haut dans un arbre.
A une certaine époque, tout le monde se pratiquait la chasse et la cueillette. On chassait des animaux sauvages, on ramassait des plantes et on s’adaptait avec succès aux habitats les plus divers et souvent inhospitaliers.
De nos jours, il existe encore dans le monde, des sociétés de chasseurs-cueilleurs, telles que les Inuit qui chassent le morse sur la calotte glacière de l’Arctique ou les Ayoreo, chasseurs de tatou dans le Chaco sud-américain ou encore les Awá de la forêt amazonienne et les gardiens de troupeaux de rennes de Sibérie.
Aujourd’hui, cependant, leurs vies sont en danger. Les problèmes auxquels ils sont confrontés quotidiennement, n’ont rien à voir avec leur force et leurs ressources intérieures en tant que peuple, mais sont dus aux menaces extérieures qui pèsent sur leurs terres, leur santé et leur mode de vie.
© Julien Coquentin
Un chasseur yanomami utilise sa sarbacane dans la forêt amazonienne.
Depuis des siècles s’est répandue une idée fausse selon laquelle il existerait une hiérarchie évolutionnaire chez les êtres humains. Selon elle, les chasseurs-cueilleurs ‘primitifs’ se trouveraient presque au bas de l’échelle alors que les agriculteurs, plus sophistiqués ou avancés, se trouveraient au sommet.
En grande partie colonialiste, cette théorie a été utilisée pendant des milliers d’années pour justifier le vol des territoires autochtones, dit Stephen Corry, Directeur de Survival International. Certaines sociétés de chasseurs-cueilleurs n’ont pas réussi à survivre aux changements de leur environnement, mais d’autres ont prospéré et continueront à le faire si leurs droits humains sont respectés et que leurs droits territoriaux sont reconnus.
Aujourd’hui, les sociétés de chasseurs-cueilleurs ne sont pas des vestiges de l’histoire de l’humanité. Elles sont parmi les quelques rares sociétés égalitaires qui existent au monde et l’égalité entre les groupes d’âge, les genres, et avec l’environnement est reconnue.
Ils se sont adaptés aux changements de climat et d’écosystème, et ils ont mis au point un extraordinaire répertoire de tactiques et d’outils qui n’a probablement pas grand chose à voir avec la façon dont les peuples préhistoriques vivaient il y a 10 000 ans.
© Claudia Andujar/Survival
Les modes de vie des chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui traduisent non seulement l’ingéniosité dont ils ont fait preuve dans leurs propres sociétés, mais aussi la créativité latente des êtres humains.
La chasse requiert agilité, patience, connaissance et compétences variées, lesquelles sont transmises de génération en génération. Elle nourrit les familles, permet souvent au prestige masculin de s’exprimer et peut déterminer l’identité collective d’un peuple. Nous chassons et posons des pièges, dit Joe Pinette, un aîné Inuit, C’est ce que font les Inuit.
Il faut être très adroit, dit Stephen Corry. Un homme de la tribu qui sait chasser est tout à la fois un maître artisan, un athlète accompli et un stratège très astucieux.
Et, ce que l’on retrouve chez tous les chasseurs, c’est le prestige propre à la chasse. Les chasseurs adorent la chasse, ajoute Stephen Corry. Cela dépasse largement le simple fait de trouver de la nourriture.
Un bon chasseur considère la chasse comme l’une des réalisations suprêmes de la vie.
© Survival International
Les chasseurs apprennent à chasser très jeunes.
En Amazonie brésilienne, les garçons yanomami apprennent à ‘lire’ les empreintes des animaux en grimpant aux arbres, les pieds attachés par des lianes; les filles yanomami, de leur côté, aident leur mère à cultiver des plantes telles que le manioc dans leur jardin et vont chercher de l’eau à la rivière.
Au Botswana, les jeunes bushmen reçoivent des arcs et des flèches pour chasser les rats et les petits oiseaux. On leur apprend également à tuer les lièvres ou à faire des couvertures à partir de peaux d’animaux. Les petites filles, dès l’âge de 5 ans, aident leur mères à ramasser des plantes, des baies et des tubercules.
Les enfants de la tribu des Piaroa, qui vivent le long de la rivière vénézuélienne de l’Orénoque, chassent d’énormes tarentules qu’ils font griller sur un feu.
J’ai grandi en tant que chasseur explique Roy Sesana, un Bushman de la tribu des Gana, au Botswana. Tous les garçons et les hommes étaient chasseurs.
© Mark Hakansson/Survival
Au fil des générations, les vies de nombreux peuples de chasseurs-cueilleurs autochtones ont été bouleversées par des colonisateurs, des gouvernements et des grandes entreprises racistes, déterminés à profiter de leurs terres.
Les Innu du Nord-Est du Canada ont vécu des milliers d’années en tant que chasseurs-cueilleurs nomades, suivant les grands troupeaux de caribous dans leur migration à travers le Nitassinan, leur vaste territoire subarctique.
Dans les années 1950 et 1960, ils ont été soumis à de fortes pressions de la part du gouvernement et de l’église catholique pour les forcer à s’installer dans des communautés sédentaires. Une grande partie de leurs terres leur a été confisquées, et la chasse au caribou – l’essence même de leur identité en tant que peuple – a été strictement réglementée.
C’est tout un mode de vie qui a été bouleversé; et les conséquences ont été désastreuses.
Il y a quelques années, lorsqu’on demandait à un Innu, quelles étaient ses occupations, il répondait : je suis chasseur, déclare Jean Pierre Ashini, un Innu du Canada.
Aujourd’hui, il répond : je suis au chômage.
© Joanna Eede/Survival
De la même façon, les Bushmen, peuple autochtone du sud de l’Afrique, ont vécu en tant que chasseurs-cueilleurs sur leurs terres pendant des dizaines de milliers d’années.
Aujourd’hui, les derniers chasseurs bushmen vivent dans la Réserve du Kalahari Central où ils chassent le gibier avec des flèches, pendant des heures, souvent sous une chaleur intense, jusqu’à ce que leur proie s’épuise.
Vous installez des pièges ou vous aller chasser avec un arc et une lance, explique Roy Sesana. Vous suivez l’antilope à la trace. Cela peut durer des jours. Elle sait que vous êtes là. Mais elle fuit et vous devez la suivre. Cela peut durer des heures et vous épuiser tous les deux.
Les Bushmen de la Réserve ont été persécutés par le gouvernement botswanais pendant des décennies. On les a privés de vivre et de chasser sur leurs terres ancestrales.
A trois reprises, entre 1997 et 2005, pratiquement tous les Bushmen ont été expulsés de force de leur réserve et installés dans des camps de relocalisation.
A ce jour, il est rare qu’ils puissent chasser. En 2014, la chasse a été interdite au Botswana, ce qui constitue une nouvelle épreuve pour les Bushmen : ceux d’entre eux qui essaient de chasser sont systématiquement arrêtés et battus.
© Brent Stirton/Survival
La tribu des Awá est l’une des dernières tribus nomades de chasseurs-cueilleurs du Brésil.
Pendant des générations, ils se sont épanouis dans la forêt amazonienne, chassant des cochons sauvages, des tapirs et des singes avec de longs arcs, et se nourrissant de produits de la forêt tels que des noix de babaçu, des baies d’açaï et du miel.
Cependant, durant ces quarante dernières années, ils ont été témoins de la destruction de leur territoire et de leur peuple par des personnes étrangères à leur communauté. A ce jour, plus de 34% de l’un de leur territoire a été détruit pour faire place à des ranchs de bétail.
Suite à la campagne de Survival, les autorités brésiliennes ont chassé les envahisseurs, mais pour que les Awá survivent, le gouvernement doit protéger leurs terres d’autres éventuelles invasions.
© Domenico Pugliese
Les Hadza, une petite tribu de chasseurs-cueilleurs, vivent sur les rives du lac Eyasi en Tanzanie.
Il y a une trentaine d’années, les Hadza chassaient de grands animaux, tels que des zèbres, des girafes et des buffles dans les denses forêts d’acacia présentes sur leur territoire, Yaeda Chini. Ils partageaient leurs terres avec les rhinocéros, les lions, les éléphants et les larges troupeaux d’animaux de la savane.
Le nombre de ces imposants mammifères a fortement diminué du fait de l’invasion de leurs terres par leurs voisins bergers. Aujourd’hui, les Hadza chassent surtout le dik-dik (une petite antilope), le singe, le buffle de forêt, le phacochère et l’impala.
Le gouvernement tanzanien a tenté à plusieurs reprises de sédentariser les Hadza. De nos jours, seulement 300 à 400 d’entre eux sur une population de quelques 1 300, sont encore des chasseurs-cueilleurs nomades. Les autres vivent une partie du temps dans des villages, achetant et consommant des produits locaux en plus des produits qu’ils trouvent dans la nature.
© Joanna Eede/Survival
Traditionnellement, les femmes hadza quittent le camp le matin équipées de bêches qui leur servent à déraciner des tubercules. Elles ramassent également des racines, des
baies et des fruits de baobab.
Chez la plupart des chasseurs-cueilleurs, le partage du travail se fait selon le sexe. Alors que les hommes chassent les animaux, les femmes se chargent des autres sources de nourriture.
Cette dépendance mutuelle a encouragé le développement de sociétés égalitaires. Ainsi les femmes hadza, par exemple, ont une part d’autonomie assez importante et participent au processus de prise de décision à égalité avec les hommes.
© Joanna Eede/Survival
Le régime alimentaire des chasseurs-cueilleurs est principalement fondé sur la cueillette plutôt que la chasse.
Cela a amené certains scientifiques à inverser le nom de ces peuples et à parler plutôt de ‘cueilleurs-chasseurs’ nous précise Stephen Corry.
On pense que dans le régime des Bushmen la proportion de légumes est supérieure à celle de la viande et qu’ils se nourrissent d’environ quatre-vingt espèces de plantes différentes.
© Dominick Tyler
La majorité des régimes des chasseurs-cueilleurs sont hautement nutritifs.
Il a été suggéré que le développement de l’agriculture s’est traduit par un déclin dans l’apport de protéine et que le développement des êtres humains en a été ralenti.
Les preuves trouvées dans les os et les dents semblent montrer une augmentation des décès chez les enfants et une diminution de la longévité moyenne, là où l’agriculture a progressivement remplacé la chasse, déclare Stephen Corry.
De nos jours, ces peuples de chasseurs-cueilleurs qui ne se nourrissent pas de nourriture industrielle occidentale sont dans l’ensemble très peu touchées par le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’obésité galopante qui prolifèrent dans les sociétés industrialisées.
Nous, les Hadzabe, nous n’avons aucune trace de famine dans notre histoire orale; précise un Hadza.
C’est parce que nous dépendons des produits naturels de notre environnement.
© Yoshi Shimizu
Les tribus de chasseurs-cueilleurs des îles Andaman – les Jarawa, les Grands Andamanais, les Onge et les Sentinelles – vivraient sur leur territoire, dans l’Océan indien depuis plus de 55 000 ans.
La nutrition des Jarawa serait optimale. Ils se nourrissent de cochons sauvages, de tortues, de poissons, de crabes, de crevettes et de mollusques. Ils y ajoutent plusieurs racines sauvages, des tubercules, des noix, des graines et du miel. Ils pêchent sur les récifs de coraux à l’aide d’arc et de flèches. Ils connaissent plus de 150 plantes et 350 espèces d’animaux.
© Survival
Les Innu du Nord-Est du Canada chassaient le caribou, l’ours, la martre et le renard ainsi que de petits gibiers tels que le castor, le porc-épic, la perdrix, le lagopède, le canard et l’oie.
Ils pêchaient la truite, le saumon et l’omble arctique dans de vastes lacs et cueillaient des myrtilles.
Mais après les années 1950, leur régime alimentaire est devenu riche en graisses saturées, en sucres raffinés et en sel. L’obésité est devenue monnaie courante au sein de leurs communautés, tout comme la pathologie qui en découle : le diabète, lequel était relativement rare parmi les Innu avant qu’ils ne soient sédentarisés.
Des études suggèrent que la forte concentration en acides gras Oméga 3 et en antioxydants de leur régime alimentaire traditionnel prévenait ce type de maladie.
Lorsque j’étais enfant, il y a 15 ans, il n’y avait pas de diabète ni de cancer. Nos grands-parents chassaient et mangeaient de la nourriture saine, dit Michel Andrew, un Innu de Sheshatshiu.
© Katie Rich
Les chasseurs-cueilleurs ont une vaste connaissance de leurs écosystèmes, des animaux, des plantes et des herbes qui s’y trouvent.
Sans le savoir botanique très spécifique de nombreux peuples autochtones, de nombreux remèdes médicinaux seraient inconnus aujourd’hui. Les plantes auraient été vitales au développement d’environ 50% des médicaments actuels.
Les Yanomami, par exemple, utilisent quotidiennement quelques 500 espèces de plantes comme matériaux de construction, nourriture et médicaments. Ils guérissent la diarrhée avec le jus de griffe de chat, une vigne boisée, et traitent les infections oculaires avec l’écorce de copal.
En Amérique du Nord, l’aspirine industrielle a été développée grâce à l’écorce de saule blanc, que les Indiens d’Amérique du Nord faisaient bouillir pour traiter les maux de tête.
Les Innu connaissent intimement les plantes et les animaux présents sur leur territoire : la sève de l’épicéa est utilisée comme colle pour la construction de canoës, comme baume pour les coups de soleil et comme chewing-gum.
© Survival International
De génération en génération, les chasseurs-cueilleurs ont développé des techniques sophistiquées de chasse, de pistage, d’élevage et de navigation.
Le chasseur doit avoir une parfaite compréhension de l’animal qu’il chasse, dit Stephen Corry. Il doit pouvoir prévoir avec précision ses mouvements et connaître ses habitudes. Il doit savoir où commencer à le chercher et reconnaître les moindres signes – que ce soit ses traces sur le sol ou son odeur sur un feuillage ou dans l’air.
Un chasseur peut imiter un prédateur afin d’effrayer sa proie et la mener vers un autre chasseur ou imiter une femelle en chaleur pour attirer les mâles. Les chasseurs ‘pygmées’ imitent le cri de l’accouplement du duiker pour attirer des petites antilopes. De la même manière, les chasseurs de Sibérie sont capables d’imiter les pleurs d’un bébé renne qui cherche sa mère ou le cri d’un mâle en rut.
Les Moken, un peuple austronésien semi-nomade vivant sur l’archipel de Mergui dans la mer Andaman, ont développé une capacité unique à se diriger sous l’eau, ce qui leur permet de pêcher dans les fonds marins. Ils pêchent ainsi, au harpon, à la lance et à la ligne, des concombres de mer et des crustacés.
© Cat Vinton/Survival
Les arcs des Hadza de Tanzanie sont fabriqués à partir de ligaments d’animaux, les flèches sont faites méticuleusement à partir du bois de kongoroko et surmontées de plumes de pintade.
Arc, flèche, sarbacane, lance et harpon, ou aujourd’hui, fusil et carabine, constituent la panoplie du chasseur.
Les sarbacanes amazoniennes peuvent mesurer plus de 2 mètres et demi. Celles des Penan, appelées keleput, mesurent environ 1,80 mètres de long et sont faites de bois dur.
Les ‘pygmées’ aka créent des pièges avec des feuilles de vigne et chassent avec de grands filets; les femmes participent également à la chasse en poussant les animaux hors du bush en chantant et en criant.
© Jean du Plessis/Wayo Africa
Les romanciers ont fait coulé beaucoup d’encre sur ce poison; les Yanomami et de nombreux autres peuples amazoniens en enduisent leurs arcs et leurs flèches.
Il s’agit du ‘curare’, un mélange toxique de différentes plantes qui, une fois bouilli, donne une épaisse colle, et est ensuite enduit sur la flèche puis laissé à sécher. Lorsqu’il pénètre dans le sang de l’oiseau ou de l’animal touché, il relaxe ses muscles. Les singes ne peuvent plus se tenir aux branches et les oiseaux ne peuvent plus voler; enfin, ils finissent par tomber au sol où ils peuvent être tués. Le ‘curare’ a été utilisé comme relaxant musculaire dans la médecine occidentale et a permis de réaliser des opérations telles que la chirurgie à coeur ouvert.
Le poison pour les flèches est également fondamental pour les Bushmen du Kalahari. Il est généralement obtenu en écrasant des larves d’insectes ou des entrailles de chenilles venimeuses appelées n’gwa.
Les Hadza utilisent la sève toxique d’un arbuste du désert et en enduisent les pointes de leurs flèches.
© Jerry Callow/Survival
Certains peuples de chasseurs-cueilleurs amazoniens pêchent également en écrasant des plantes toxiques, communément appelées barbasco ou timbó, dans l’eau. Le poison paralyse temporairement les poissons qui finissent par flotter à la surface, permettant aux Indiens de les attraper dans des paniers. Le poison se dissipe au bout d’un moment et les poissons non pris peuvent s’échapper.
De la même manière, les Penan du Sarawak, l’une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs de Malaisie, libèrent les toxines de plantes forestières broyées dans l’eau pour tuer le poisson.
© Survival
Pour de nombreux chasseurs-cueilleurs, la chasse revêt également une dimension spirituelle et mythique.
Le gibier est hautement respecté. Il n’est pas rare que les chasseurs considèrent qu’il existe un ‘accord’ entre eux et l’animal chassé. Chasser, c’est aller et parler aux animaux. dit Roy Sesana. Tu ne voles pas. Tu vas et tu demandes.
Les Innu ne considèrent pas les animaux qu’ils chassent comme des proies. Ils partagent soigneusement la viande de caribou et conservent précieusement les os de leurs jambes; les jeter est considéré comme irrespectueux envers kanipinikat sikueu, l’esprit ‘Maître’ du caribou. Les bois sont suspendus très haut dans les arbres, en signe de respect.
Un mythe yawanawa prétend qu’un chasseur est très chanceux s’il tombe sur un sanglier sauvage avec une patte blanche.
© Joanna Eede/Survival
Les règles complexes qui régissent la chasse protègent les ressources dont la communauté autochtone dépend.
La relation des ‘Pygmées’ yaka à leur environnement est régulée par la restriction et le partage requis par le concept de_ekila_. Si les Yaka ne partagent pas correctement; s’ils chassent à outrance, consomment certains animaux, ekila sera détruit. Endommager ekila pourrait porter préjudice à la chasse, les femmes pourraient avoir des difficultés à l’accouchement et les enfants pourraient tomber malades.
Et pourtant, les Yaka, comme de nombreux peuples autochtones, sont souvent considérés comme des ‘braconniers’ parce qu’ils pratiquent la chasse de subsistance. Ils risquent d’être harcelés, battus et même torturés aux mains des brigades anti-braconnage.
© Kate Eshelby/Survival
La mentalité des chasseurs-cueilleurs est profondément enracinée dans le psychisme humain.
Pourtant, les derniers chasseurs-cueilleurs qui ont vécu sur leur territoire durant des millénaires, sont toujours considérés comme ‘arriérés’ ou ‘primitifs’.
De nombreux peuples autochtones ont fait des choix qui différent de la plupart des sociétés industrialisées, préférant être nomade plutôt que sédentaire, choisissant de chasser ou d’être éleveur plutôt que de pratiquer l’agriculture, déclare Stephen Corry. Mais ces sociétés sont tout aussi contemporaines que les autres sociétés humaines.
Leurs problèmes sont causés par le vol de leurs terres, les projets de ‘développement’ et de ‘protection de la nature’ qui les oppressent, les politiques racistes qui menacent de les décimer.
Tant que leurs territoires ne seront pas démarqués et que leurs droits fondamentaux ne seront pas respectés, leurs vies seront en péril, tout autant que les compétences extraordinaires, les idées et les croyances qui composent leurs modes de vie.
© Kate Eshelby
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