Un ancien dictateur guatémaltèque accusé de génocide
17 Mai 2013
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ACTUALISATION AU 22 MAI : La Cour constitutionnelle du Guatemala a rejeté la condamnation de Ríos Montt pour des motifs de procédure. La Cour a déclaré que le procès devait reprendre en l’état où il se trouvait au 19 avril. A cette date, l’avocat de Ríos Montt avait été brièvement expulsé de la salle d’audience après avoir accusé le juge de partialité. Un nombre incalculable de témoignages devront désormais être ré-entendus.
Un ancien général, président du Guatemala durant le régime de terreur des années 1980, a été reconnu coupable de génocide.
Lors de la dictature militaire de José Efrain Ríos Montt, environ 200 000 personnes, dont la plupart étaient indigènes, ont été tuées ou portées disparues.
Lorsqu’il a pris le pouvoir en 1982 en promettant de restaurer une ‘authentique démocratie’, le pays était déjà en pleine guerre civile, la guérilla d’extrême gauche lançant des attaques contre le régime militaire depuis ses bases des provinces rurales.
La réponse de Ríos Montt a été d’ordonner une nouvelle offensive militaire contre les bastions de la guérilla supposés être dans les montagnes.
Au moins 100 000 Indiens, essentiellement des Maya, ont fui au Mexique tandis que des milliers d’autres, hommes, femmes et enfants, ont été torturés ou tués dans les montagnes du nord-ouest du Guatemala, leurs villages et leurs récoltes détruites, leurs approvisionnements en eau empoisonnés et leurs forêts brûlées.
En 1983, Survival a publié un rapport sur le Guatemala après avoir interviewé des réfugiés le long de la frontière avec le Mexique. Les témoignages recueillis donnent un aperçu poignant de la terreur qui régnait sur des centaines de villages à cette période.
Les chargés de campagne de Survival ont interviewé par exemple une femme de 30 ans de la province de Huehuetenango. Il y est décrit dans le rapport : ‘A 6 heures du matin, le 6 mai 1982, une centaine de soldats, qu’elle put reconnaître à leurs tenues de camouflage et à leurs pistolets, arrivèrent à pied dans son village et l’encerclèrent. Les villageois furent dépouillés de leurs vêtements et de leur argent et leurs maisons incendiées. Nombre d’entre eux furent battus, torturés et fusillés. Seule, elle vit les soldats tuer quinze personnes alors qu’elle ne se trouvait qu’à vingt-cinq mètres d’eux. Elle fut violée. Son mari et ses frères furent tués dans leur maison. Peu après, elle réussit à s’enfuir au Mexique. Elle ne veut plus retourner au Guatemala’.
Ríos Montt a été condamné à une peine d’emprisonnement de 80 ans. Yasmin Barrios, la présidente du tribunal, a déclaré qu’il ‘savait ce qui se passait et n’a rien empêché, alors qu’[il] en avait le pouvoir’. Les avocats du dictateur ont annoncé qu’ils feraient appel.