Des Indiens isolés cernés par la guérilla et l’armée
29 Avril 2008
Cette page a été créée en 2008 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Cent trente Nukak, appartenant à l’une des dernières tribus d’Indiens nomades d’Amazonie, ont dû quitter leur forêt pour fuir la guerre civile qui y fait rage. Ce groupe, qui campe maintenant dans les faubourgs de la petite ville de San Jose del Guaviare, représente environ un tiers des derniers survivants de la tribu.
Au terme de deux ans de combats impliquant l’armée régulière, les paramilitaires et la guérilla des FARC sur leur territoire reculé, les Indiens avaient l’espoir que le calme règnerait à nouveau dans leur forêt. Ce n’est malheureusement pas le cas. La plupart des Indiens qui ont fui les combats n’étaient jamais sortis de leur forêt.
Dernièrement, les rebelles des FARC ont tiré à plusieurs reprises sur les Indiens et ont déplacé de force sept familles après que l’un d’entre eux eut été utilisé par l’armée colombienne pour localiser un campement rebelle. Toutes les parties sont engagées dans une lutte sans merci pour contrôler la lucrative culture de coca utilisée pour fabriquer la cocaïne. D’un accès difficile, le territoire nukak est un lieu idéal pour cultiver la coca.
La mort récente d’Ewapa, la plus âgée des femmes nukak, est à l’origine de ce dernier exode. Kerayi, son mari, également le plus âgé des hommes de son groupe, décrivait l’avenir de son peuple comme ‘sombre’. La plupart des Nukak d’âge moyen et au-delà ont été décimés par les épidémies dévastatrices qui ont balayé le groupe après leur premier contact en 1988. Plus de la moitié de la population a été anéantie.
Ewapa est morte de malaria et de malnutrition après avoir quitté sa forêt pour fuir la guerre civile. Elle a passé les dernières années de sa vie à San José où, trouvant difficilement de quoi se nourrir, elle était, avant sa mort, dans un état pitoyable et extrêmement amaigrie.
Stephen Corry, directeur de Survival a déclaré aujourd’hui : « Les Nukak n’ont qu’une envie, celle de vivre en paix sur leur propre territoire. Ils n’ont rien à voir avec cette guerre civile ; l’armée et les guérilleros semblent incapables de les laisser tranquilles. Le contact avec le monde extérieur leur a apporté vingt ans de misère, de mort et d’exil ».