JO 2016 : la flamme olympique arrive sur le territoire des Guarani, peuple menacé de ‘génocide’

22 Juin 2016

Les Guarani entretiennent une étroite relation avec leurs terres et luttent pour empêcher qu’elles ne soient détruites et ne leur soient volées. © CIMI/Survival

Cette page a été créée en 2016 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

La flamme olympique doit arriver le 25 juin dans un état du Brésil où vivent les Guarani, un peuple menacé d’extinction en conséquence du vol systématique de leurs terres et de la malnutrition, du suicide et de la violence chroniques.

L’arrivée de la torche olympique dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, situé au sud-ouest du Brésil, intervient dans le cadre du relais de la flamme dans le pays, en amont des Jeux olympiques de Rio qui auront lieu en août prochain. La torche sera portée par Rocleiton Ribeiro Flores, un homme de la tribu des Terena, de la ville de Dourados, proche du territoire guarani.

La semaine dernière, un Guarani a été assassiné et d’autres – parmi lesquels un garçon de douze ans – ont été sérieusement blessés lors d’une attaque menée par des hommes de main armés contre la communauté de Tey’i Jusu.

La veille de l’attaque, Survival recevait un enregistrement audio par le biais de son projet ‘Voix indigène’ qui faisait état d’une autre attaque contre la communauté de Pyelito Kwê. La communauté de Apy Ka’y est également menacée depuis qu’elle a réoccupé ses terres en 2013.

Alors que tous les yeux sont tournés vers le Brésil, nombreux sont ceux qui espèrent que les Jeux olympiques permettront de sensibiliser l’opinion publique mondiale au sujet de la violence génocidaire, de l’esclavage et du racisme qui ont été imposés aux peuples brésiliens par le passé et le sont toujours au nom du ‘progrès’ et de la ‘civilisation’.

Ces dernières décennies, la majeure partie des terres des Guarani leur ont été volées par l’industrie agroalimentaire, et ils sont forcés de vivre en bordure de route et dans des réserves surpeuplées. Les enfants guarani meurent de faim et nombre de leurs leaders sont assassinés. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants se suicident et les Guarani Kaiowá détiennent le taux de suicide le plus élevé au monde.

Damiana, une femme guarani, célèbre une cérémonie sur ses terres. Des plantations à perte de vue ont désormais remplacé la forêt. © Paul Patrick Borhaug/Survival

Tonico Benites, un leader guarani, s’est récemment rendu en Europe afin de solliciter l’aide de la communauté internationale face à la situation de son peuple. Il a déclaré à Survival : ‘Un lent génocide est en train de se produire. Ils mènent une guerre contre nous. Nous avons peur. Ils tuent nos leaders, cachent leurs cadavres, nous intimident et nous menacent… Si rien ne change, beaucoup plus de jeunes vont se tuer, et d’autres mourront de malnutrition. L’impunité des éleveurs continuera et le gouvernement brésilien pourra continuer à nous assassiner.’

Les Guarani ont tenté à de nombreuses reprises de réoccuper leurs terres, mais ils ont été harcelés, intimidés et attaqués par les hommes de main armés à la solde des éleveurs.

Selon le droit international et brésilien, les Guarani ont le droit de posséder leurs terres. Si le gouvernement leur restitue leur territoire, ils auront la possibilité de défendre leurs vies, de protéger leurs terres et de déterminer leur propre avenir.

En avril, Survival a lancé sa campagne ’Stop au génocide au Brésil’ afin d’attirer l’attention sur les menaces qui pèsent sur les Guarani, la situation effroyable des tribus isolées – qui comptent parmi les peuples les plus vulnérables de la planète – et le PEC 215, un amendement à la Constitution brésilienne qui ferait reculer les droits territoriaux autochtones et mènerait à la destruction et à l’exploitation de territoires déjà démarqués.

A l’approche des Jeux olympiques, les sympathisants de Survival à travers le monde font pression sur le Brésil pour qu’il restitue aux Guarani leur territoire, qu’il n’approuve pas le PEC 215 et qu’il démarque effectivement le territoire des Kawahiva isolés afin d’empêcher leur anéantissement.

Stephen Corry, directeur de Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones, a déclaré : ‘Il s’agit sans aucun doute de l’attaque la plus grave contre les droits des peuples autochtones que le Brésil ait connue depuis la fin de sa dictature militaire et elle ne fait que s’intensifier. A l’occasion des Jeux olympiques, l’attention des médias s’est concentrée principalement sur l’agitation politique dans le pays, mais très peu a été dit concernant l’anéantissement systématique des peuples autochtones brésiliens provoqué par la violation de leurs droits territoriaux. C’est le génocide des tribus du Brésil qui a mené à la création de Survival en 1969, et la situation s’est, depuis, grandement améliorée. Aujourd’hui, presque un demi-siècle plus tard, ces pratiques génocidaires sont à nouveau d’actualité’.

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