Brésil : Trois ans plus tard, un peuple non contacté de Mamoriá Grande toujours sans protection

30 Août 2024

Paniers tressés trouvés dans la région de Mamoriá Grande © FUNAI

Au Brésil, cela fait maintenant trois ans que des preuves formelles de l’existence d’un peuple non contacté, auparavant inconnu, ont été apportées. Pourtant, le gouvernement n’a pratiquement rien fait depuis pour protéger ce peuple ou son territoire, celui de Mamoriá Grande, dans l’État d’Amazonas, faisant courir un risque vital aux personnes concernées. 

Les preuves matérielles recueillies par la FUNAI, organe du gouvernement brésilien en charge des affaires autochtones, incluent des abris de chasse, des poteries, des paniers tissés et des arcs. Elles démontrent l’existence d’un groupe de plusieurs dizaines de chasseurs-cueilleurs, proches de la région du rio Purus, dans l’ouest de l’Amazonie.

Nous savons très peu de choses sur les peuples non contactés, si ce n’est qu’ils sont extrêmement vulnérables aux attaques violentes ou même aux contacts accidentels avec des personnes de l’extérieur. En effet, ils n’ont aucune immunité contre les maladies occidentales, et sont susceptibles d’être décimés par une grippe ou une infection bactérienne. De nombreux colons vivent actuellement dans le territoire de ce peuple, où ils pêchent, chassent et prélèvent des ressources de la forêt.

En 2021, l’équipe régionale de la FUNAI a réclamé en urgence une ordonnance de protection des terres (mesure permettant d’empêcher rapidement l’invasion de terres autochtones et de protéger ces dernières) pour le territoire de Mamoriá Grande. Elle a recherché une base pour pouvoir surveiller et protéger la forêt tout en recueillant des informations permettant d’obtenir la reconnaissance permanente du peuple et de son territoire. Elle a également demandé à ce qu’un “cordon sanitaire” soit établi pour prévenir toute propagation de maladies. Malheureusement, ces requêtes ont été ignorées par le bureau national de la FUNAI, alors sous le contrôle de l’ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro. 

 

Céramiques trouvées dans la région de Mamoriá Grande © FUNAI

En 2022, Survival, aux côtés d’organisations autochtones, a dénoncé la lenteur de réaction de la FUNAI. Nous espérions qu’une ordonnance de protection des terres serait rapidement décrétée lorsque le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva prendrait la tête du pays, car la démarcation définitive est un processus susceptible de s’étendre sur plusieurs décennies.

Malheureusement, cet espoir a été déçu : le gouvernement de Lula n’a pas pris les mesures nécessaires.

Fiona Watson, directrice de la recherche et du plaidoyer de Survival, a déclaré aujourd’hui : “L’inertie actuelle du gouvernement brésilien en matière de protection du territoire du peuple autochtone isolé de Mamoriá Grande est une source de préoccupation majeure. Ce peuple est actuellement dans une situation de grande vulnérabilité. La FUNAI doit décréter en urgence une ordonnance de protection des terres et faire en sorte que la zone soit définie comme territoire autochtone. Elle satisferait ainsi à l’obligation légale de protection des terres de ce peuple autochtone.”

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