Pérou : un nouveau “projet de loi génocidaire” pourrait anéantir tous les peuples non contactés du pays

1 Mars 2023

© Melissa Medina, IBC

Un nouveau projet de loi en cours d'examen au Congrès péruvien – décrit par Survival International comme “un accaparement pur et simple des terres par l'industrie pétrolière et gazière et leurs acolytes” – pourrait décimer les peuples non contactés du pays, ont averti des organisations autochtones et des experts. Ils l'ont qualifié de “projet de loi génocidaire” en raison de ses conséquences catastrophiques qu’il engendrerait s'il était approuvé.

Le projet de loi a été rédigé par des membres du Congrès ayant des liens avec de grandes sociétés pétrolières et gazières. La controversée société pétrolière franco-anglaise  Perenco, qui opère sur les terres de peuples non contactés dans le nord du Pérou, serait l'une des entreprises soutenant le projet de loi.

François Perrodo, président de la compagnie pétrolière Perenco, lors d’une rencontre avec Alan Garcia, alors président du Pérou, en 2009. © Sepres © Sepres

Voici certains des risques liés au projet de loi :

- Les 25 peuples autochtones non contactés et récemment contactés du pays qui ont été officiellement reconnus pourraient d'un seul coup perdre cette reconnaissance et, avec elle, tous leurs droits en tant que peuples autochtones.

- Les réserves autochtones déjà établies pour ces peuples pourraient être révoquées.

- Leurs terres pourraient être davantage ouvertes au forage pétrolier et gazier, à l'exploitation forestière et minière.

- Cela bloquerait la création de réserves qui font cruellement défaut aux peuples non contactés, dont les territoires ne bénéficient actuellement d'aucune protection.

Julio Cusurichi, de l'organisation autochtone amazonienne péruvienne AIDESEP, a déclaré aujourd'hui : « Si ce projet de loi est approuvé, les gouvernements régionaux pourront révoquer les réserves autochtones déjà créées et annuler la reconnaissance officielle de l'existence des peuples non contactés et récemment contactés. Cela signifierait un génocide. Nous demandons au Congrès d'archiver ce projet de loi. »

Apu Miguel Manihuari Tamani de l'organisation autochtone ORPIO, basée dans la région où vivent plusieurs peuples non contactés, a déclaré aujourd'hui : « Nous rejetons catégoriquement ce projet de loi. Nous savons que nos proches non contactés vivent dans les parties les plus éloignées de la forêt, fuyant les intrus. Cette attaque contre les peuples non contactés est une réponse aux intérêts économiques des politiciens et d'autres personnes qui veulent extraire du bois et du pétrole dans ces zones. Nous défendons nos proches non contactés et nous avons reçu des menaces de mort pour cette raison. »

Les organisations autochtones et leurs alliés font campagne contre ce projet de loi. Des milliers de sympathisants de Survival International à travers le monde ont envoyé un mail aux membres du Congrès péruvien pour leur faire part de leur inquiétude et leur demander d'abandonner la proposition.

Teresa Mayo de Survival International a déclaré aujourd'hui : « Ce projet de loi est une tentative d'accaparement des terres par l'industrie pétrolière et gazière et leurs acolytes, qui pourrait détruire complètement les peuples non contactés au Pérou. Rien de tel n'a jamais été tenté ailleurs dans le monde. Il s'agirait d'un génocide : les peuples autochtones concernés ne pourraient tout simplement pas survivre à cette destruction massive de leurs droits. Leurs territoires seraient davantage ouverts à l'exploitation industrielle et, comme ils dépendent totalement de leurs terres pour leur survie, ils pourraient être anéantis. Il s'agit d'une attaque éhontée et choquante contre les droits humains des peuples autochtones au Pérou, et on ne peut pas permettre l'adoption de cette loi. »

 

Peuples non contactés du Pérou
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