Cameroun : le WWF complice de violations des droits de l'homme
6 Octobre 2014
Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Mise à jour 16 Octobre : le WWF a réagi avec hostilité à la campagne de Survival Voici les faits derrière les mots.
Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, a révélé que de graves abus étaient commis à l’encontre des Pygmées baka du sud-est du Cameroun, aux mains des brigades anti-braconnage soutenues et financées par le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Les Baka sont illégalement expulsés de leurs terres ancestrales au nom de la protection de la nature, la plus grande partie de leur territoire étant transformée en ‘zones protégées’ – dont des zones de chasse au trophée.
Plutôt que de s’en prendre aux puissants individus qui se cachent derrière ce braconnage organisé, les gardes forestiers et les soldats poursuivent les Baka qui pratiquent une chasse de subsistance.
Regardez une vidéo des Baka qui racontent les abus dont ils sont victimes aux mains des équipes anti-braconnage soutenues et financées par le WWF:
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Les Baka et leurs voisins accusés de braconnage risquent la détention, les coups et la torture. Ils font état de nombreux morts parmi eux suite à ces expéditions punitives.
Le ministère camerounais des Forêts et de la Faune, qui emploie les gardes forestiers, est financé par le WWF qui apporte également à ces derniers une assistance technique, logistique et matérielle. Sans son soutien, les brigades anti-braconnage ne pourraient pas agir.
Les normes fixées par les Nations-Unies requièrent que le WWF prévienne ou atténue ‘les effets négatifs sur les droits de l’homme directement liés à ses opérations’ même s’il n’y a pas contribué, or le géant de l’industrie de la protection de la nature semble réticent à les mettre en pratique. Bien qu’il ait été prouvé que les brigades anti-braconnage ont bel et bien violé les droits des Baka, le WWF continue de leur apporter son soutien.
Suite à la perte de leur territoire et de leurs ressources, on constate un déclin de l’état de santé des Baka et une augmentation des maladies telles que paludisme et sida. Ils craignent de pénétrer dans la forêt qui leur a apporté tout ce dont ils ont besoin durant d’innombrables générations.
Un Baka a confié à Survival : ‘La forêt appartenait aux Baka mais ce n’est plus le cas. Nous circulions dans la forêt au gré des saisons mais maintenant nous avons peur de le faire. Pourquoi ont-ils le droit de nous interdire de pénétrer dans la forêt? Nous ne savons pas vivre autrement. Ils nous battent, nous tuent et nous obligent à fuir et à nous réfugier au Congo’.
Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Les peuples indigènes sont les meilleurs défenseurs de l’environnement et les meilleurs gardiens du monde naturel. Ils connaissent mieux que quiconque leurs terres et tout ce qui s’y rapporte. Un idée équitable et irréprochable de la protection de la nature va de pair avec le respect du droit international relatif aux peuples indigènes, particulièrement leurs droits territoriaux. Les organisations telles que le WWF devraient être à leur écoute, leur apporter l’aide dont ils ont besoin concernant la protection de leurs terres et les soutenir autant que possible. Il est urgent de repenser la notion de ‘protection de la nature’.
Mise à jour 16 Octobre : le WWF a réagi avec hostilité à la campagne de Survival Voici les faits derrière les mots.
Notes aux rédactions :
- Si le terme ‘pygmée’ couramment employé pour faire référence aux chasseurs-cueilleurs et anciens peuples de chasseurs-cueilleurs du bassin du Congo a acquis une certaine connotation péjorative, il est considéré par certains groupes comme un facteur d’identité. Pour en savoir plus.
- Survival a introduit une requête auprès de la Commission nationale camerounaise des droits de l’homme et des libertés l’exhortant à enquêter sur ces violations des droits de l’homme.
- De nombreux Baka (tels que la femme qui s’exprime dans la vidéo) font référence aux équipes anti-braconnage en utilisant le terme ‘dobi-dobi’ (WWF) car ils ne font aucune distinction entre le WWF et le ministère camerounais des Forêts et de la Faune.
- Visitez la page ‘Les parcs ont besoin des peuples’ du site de Survival pour d’autres exemples d’expulsion forcée de peuples indigènes de leurs terres ancestrales au nom de la ‘protection de la nature’.