Bangladesh : les viols et la répression continuent malgré les promesses de paix
21 Janvier 2010
Cette page a été créée en 2010 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Un an après la promesse du gouvernement bangladais de mettre fin à la persécution des peuples indigènes du pays, des rapports nous parviennent qui font état de nouveaux abus.
Des décennies de conflit opposant les peuples indigènes connus sous le nom de Jumma aux colons bengalis et aux forces armées, étaient censées avoir pris fin avec la signature d’un ‘Accord de paix’ en 1997. Selon les termes de l’accord, l’armée devait retirer ses nombreux camps dans le sud-est montagneux du pays, la région des Chittagong Hill Tracts où vivent les Jumma.
Les immigrants qui ont colonisé les Chittagong Hill Tracts avec le soutien de l’armée ont commis d’innombrables atrocités dans la région, encourageant l’organisation d’un mouvement jumma de résistance armée.
Les Jumma avaient fondé un immense espoir sur l’accord de paix signé entre les deux parties en 1977 qui devait mettre fin à leurs persécutions. Mais les gouvernements successifs n’ont pas honoré les termes de cet accord et les nombreux Jumma qui s’étaient réfugiés en Inde attendent toujours de pouvoir récupérer leurs maisons et leurs terres.
En 2009, la Ligue Awami, le parti politique qui avait signé l’accord de paix, est revenu au pouvoir et a finalement promis de respecter les termes de l’Accord de paix. Mais un an plus tard, rien n’a vraiment changé. De nombreux camps militaires restent ouverts et l’armée continue de régenter la région des Chittagong Hill Tracts perpétrant de nombreux actes d’intimidation et faisant régner la terreur.
En novembre dernier, un soldat du camp militaire de Ghilachari a tenté de violer une femme jumma. En signe de protestation, les Jumma, principalement des femmes, ont érigé des barrages sur les routes, exigeant que le soldat fasse l’objet de poursuites et que son camp soit fermé.
Sept personnes ont été blessées, certaines grièvement, lorsque les soldats ont tenté de briser la manifestation. Les journalistes qui voulaient interviewer les femmes blessées se sont vus refuser l’accès de l’hôpital où elles avaient été transportées. Malgré les promesses écrites des autorités selon lesquelles le soldat serait poursuivi, aucune mesure n’a été prise jusqu’à présent.
Des centaines de jeunes filles et de femmes Jumma ont été violées par les soldats et les colons depuis le lancement, dans les années 1960, du programme de transmigration de Bengalis dans la région.
Le leader jumma Subir Chakma a déclaré : ‘Nos filles et nos femmes ne sont pas en sécurité. Elles ne peuvent pas aller à l’école, elles ne peuvent pas aller à la rivière pour chercher de l’eau ou pour se baigner, elles ne peuvent pas aller à leur travail, elles ne peuvent pas aller au temple, elles ne peuvent pas rendre visite à leurs proches, elles ne peuvent pas aller au marché, elles ne peuvent pas aller dans les forêts proches, elles ne peuvent travailler dans les rizières, et maintenant elles ne peuvent même pas rester chez elles, elles sont violées partout’.
Il y a cependant eu quelques signes de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord. Une brigade de l’armée et certains camps militaires provisoires ont été démantelés et une commission chargée de régler les conflits territoriaux a été créée. Cependant, il reste encore de nombreux camps militaires et la présence continue de l’armée et des colons (soutenus et alimentés par l’armée), expose les Jummas à toutes sortes d’abus.
Les cas de torture, de viol, de spoliation territoriale et d’intimidation restent très répandus. De nombreux Jumma, parmi ceux qui avaient fui les précédentes violences, n’ont toujours pas récupéré leurs terres.